Une capsule de Guillaume Petit
Vers 1800 le bois des forêts de pin de Lanaudière a commencé à être exploité commercialement pour être exporté vers l’Europe. Les terres situées au bord du fleuve St-Laurent avaient déjà été exploitées et les commerçants de bois ont dû aller s’approvisionner de plus en plus haut sur ses affluents. En 1811 un moulin à scie avait été construit sur la rivière Ouareau à la limite de Rawdon, en 1823 celui du village d’Industrie a été bâti sur L’Assomption, d’autres avaient été construits sur les rivières Bayonne et Maskinongé.
Source: Collection: La Maison des Cageux |
Les madriers de bois de pin équarris que produisaient ces moulins devaient être amenés jusqu'au port de Québec mais leur transport représentait un gros défi. Contrairement aux billots de pitoune de la drave traditionnelle, les madriers de pin s'endommagent au contact de l'eau; ils doivent être transportés sur des barges ou des cages. Dans une étude publiée par J.-C. Robert sur l'activité économique de Barthélémy Joliette on lit:
"Après la coupe des arbres, on fait flotter les billots sur la rivière L'Assomption jusqu'aux "moulins d'Industrie"; là, ils sont débités en "deal", c'est-à-dire en madriers de pin de 12' x 11" x 3". Mais ce qu'il faut noter, c'est le trajet suivi par les madriers au départ du moulin: traînés l'hiver par les chemins jusqu'au bord de la rivière Ouareau, on met ensuite les madriers sur une barge qui descend vers l'embouchure de la rivière L'Assomption et qui est déchargée au bout de l'Île de Repentigny."
Deux contrats découverts dans les greffes des notaires de Lanaudière montrent qu'on y a aussi transporté le bois sur des cages. En 1818, Philemon Dugas, propriétaire d'un moulin à scie situé sur la rivière Rouge à la limite de Rawdon s'est associé avec Martin S. Parker. Dans le contrat d'association notarié il est spécifé:
"pour indemniser le dit sieur Dugas qui sera seul chargé de conduire le dit moulin et les dits transports de bois à Québec ou ailleurs, le dit sieur Parker sera tenu et s'oblige de payer par chaque mois au dit Dugas, la somme de 6 piastres d'Espagne et de lui fournir moitié des aliments nécessaires quand le dit Dugas restera au moulin. Et quand il conduira des cages ou transport de bois à Québec ou ailleurs, alors il sera nourri aux dépens de la dite société et le dit sieur Parker lui payera alors neuf piastres d'Espagne par mois au lieu de six."
Dans un autre contrat notarié de 1826 on lit que les héritiers de Jacob Oldham avaient déposé une requête pour:
"...s'opposer à l'enlèvement ou déplacement d'une quantité d'environ dix sept à vingt mille morceaux de bois de sciage qui se trouvent actuellement en cages près le bout de l'île de Montréal et provenant de certain moulin à scies situé au Lac Ouareau."
La Maison des Cageaux a ouvert ses portes récemment à Lanoraie, ce musée-café documente l'histoire des cageux du Saint-Laurent avec de belles photos anciennes et la reconstitution d'une cage.
Guillaume Petit est un historien amateur qui partage ses recherches sur son blogue. Il est venu à l'aventure de Paris en 1975 et a décidé de s'installer dans la belle province par la suite. Dans les dernières années, il a été aubergiste à Nominingue dans les Laurentides ainsi qu'à Montréal. Il est maintenant retraité et s'est installé à Joliette où il partage sa passion pour l'histoire avec ses lecteurs.